Bienvenue au cœur de leur enfer personnel, de leurs fantasmes malsains, ou considérés comme tels, de leurs rêveries fantasques ou de leur quotidien tout simplement différent.
Plongez là où les mots ne s’embarrassent pas d’un voile mensonger… au cœur d’une réalité que souvent l’on refuse d’admettre… Prenez le chemin le plus sinueux, la visite en vaut le coût. C’est tellement plus intéressant que les champs de pâquerettes qu’on vous vend dans les contes, en général. Voici le recueil maudit de six âmes bien vivantes et qui assument ce qu’elles sont.
Antoine Rodriguez nous fait part de ses pensées torturées, de sa vision de la société, de ce qu’il aime et déteste, dans une prose libre et sombre.
« La poésie nait des blessures, c’est là qu’elle devient étonnamment détestable, semblable à un cri de panique et de démence. Une fureur provoquée par une prise de conscience soudaine. C’est paradoxalement un pur bonheur interrompu, par la constance du temps.
(…) Transformant la torture en quelque chose de beau, parce que justement elle se bat contre la souffrance et la douleur. A défaut de la dompter elle impose une euphorie enivrante. Ces mots sont les fleurs du mal.
Et alors se pose une question…
La beauté est-elle une vicieuse souffrance ? »
Ode Lune nous embarque dans un voyage poétique au cœur même de l’enfer, une remarquable épopée en dix commandements revisités selon sa vision toute personnelle.
J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir chacun de ces poèmes, la maîtrise des mots/maux est impressionnante, la construction m’a fait dévorer d’une traite ce monde qu’elle nous fait découvrir…
« Damian
Le monde miséreux s’endort dans la tourmente.
Même accroché au sein des pavots du sommeil,
Sous le regard saphir d’une lune sanglante,
L’homme, des vrais beautés, jamais ne s’émerveille. »
Je n’ai pu me résoudre à vraiment choisir un extrait, car je considère que chaque poème est riche et mérite d’être lu.
Tinam S nous offre également une vision très personnelle de ses fantasmes, de sa réalité. Découpée en différentes scènes très visuelles, mais aussi en réflexions, sa prose vient nous chercher, nous montrer ce que l’on ne désire pas voir la plupart du temps. Car qui aime avouer, révéler sa part d’ombre ? Une pensée pour « Voyeurisme », qui met le doigt là où ça fait mal, qui habilement nous mène exactement là où on refuse d’aller habituellement…ou alors juste devant les autres ?
De très beaux poèmes à découvrir, qui eux aussi donnent à voir, essaiment quelque peu le recueil (je pense entre autres à Melancholia, Exil mental…etc…).
Enfin, pour clore en beauté sa partie dans le recueil, le très jouissif « Dernières heures », excellent choix je pense ! L’innocence qui disparaît au profil du « monstre » en chacun de nous, apparaît clairement au sein de ce texte.
Christophe Siebert nous offre un court récit, « Abstinence », que j’ai trouvé très intéressant, une vision future à la « Hobo with a shotgun », enfin j’ai trouvé dans quelques détails, le monde perverti, le justicier qui souhaite rétablir un certain ordre, son ordre. Enfin, c’est l’image que j’ai sur le moment, on pourrait sans doute trouver une comparaison plus judicieuse. J’aurais aimé en lire d’avantage, d’ailleurs.
Bissecta Script, quand à elle, à un style très incisif, poétique malgré tout et plein d’humour. Ses poèmes sont très jouissifs, car c’est une femme qui en a ! Ca fait du bien ce caractère, ces images qu’on nous interdit de formuler. Enfin, on ne nous empêche pas de penser, c’est toujours ça. Ca serait dommage de manquer celles-là.
Enfin, Aurélien Rodot a aussi un style très particulier, et je dois avouer que j’ai eu parfois un peu de mal à entrer dans ses textes. Autant, j’aime les mots assez recherchés, le langage un peu soutenu, mais parfois j’ai eu du mal à trouver un sens. Alors peut être était-ce voulu, et dans ce cas je n’ai plus rien à dire, mais parfois un peu plus de simplicité aurait mieux payé, je pense. Ca reste personnel.
Sinon, j’ai tout de même apprécié les idées, les images qui surgissaient à sa lecture. « Défigurée » m’a beaucoup plût, par exemple, le tableau m’a emporté.
Un petit point négatif, je sais que pour certains auteurs ça n’a aucune importance, mais moi ça m’a un peu gênée, les fautes d’orthographe. Parfois, ça passe, mais à certains moments, quand on y fait attention, c’est dommage, ça gâche un peu la fluidité de la lecture, même si ça n’entache en rien l’œuvre.
Dans Métaphysique d’autolyse, les corps se disloquent mais les âmes façonnent leur chemin de pensées au cœur de l’échafaud… n’hésitez pas à vous procurer ce recueil si vous aimez le goût du sang, la mélancolie, la rage, et la poésie. Si vous aimez les sombres recoins qui se dissimulent à la société qui se dit humaine, mais ne fait que le prétendre.
Ps : je ne prétends pas être une critique excellente, ceci n’est que mon avis, ce que j’ai pu ressentir à ma lecture.